C’est dans la fraîcheur d’un lundi brumeux et grisonnant que nous sommes allés rendre visite à l’un de nos producteurs. Nous quittons la capitale des Gaules par le sud pour se retrouver, après quarante minutes de route, au cœur de la campagne au lieu-dit de Richagneux, commune de Sainte-Catherine, à la charnière des coteaux et des monts du Lyonnais.
Nous retrouvons notre productrice Françoise Thizy pour nous raconter l’histoire de la ferme de Richagneux. Ferme d’élevage transmise de
génération en génération, l’exploitation fait aujourd’hui 45 ha, et comprend une trentaine de vaches laitières en production biologique.
Le choix du bio, s’est présenté à Françoise et à son mari Pierre en 2007. À cette époque, leur laiterie était vouée à être démantelée. Un projet de
fromagerie collectif dont ils étaient acteurs venait de capoter et ils se questionnaient sur leur avenir professionnel envisageant même de quitter le
métier. Ils ont su alors mettre des mots sur leurs maux et ont décidé de passer en élevage biologique. Pour Françoise ne pas le faire « ça n’avait pas de sens ! ».
Se préparer pour demander leur conversion en bio leur a pris deux ans. Il s’agissait de s’approprier cette nouvelle façon de travailler loin du poids des traditions et de leur formation conventionnelle. Cette transition impliquait un arrêt complet des engrais, choix que le couple avait déjà mis en place depuis quelque temps, un arrêt également des produits phytosanitaires, une mise aux normes de certains bâtiments et l’obligation de passer à une alimentation bio pour les bêtes. Le couple décide également d’être le plus possible indépendant, en se questionnant sur l’autoproduction de ressources fourragères qualitatives pour leurs bêtes.
Ils passent alors 4 Ha de leur exploitation en prairie multi-espèces mélangeant graminées et légumineuses qui ensemble créent un équilibre agronomique au niveau du sol et permettent une alimentation complète pour les bêtes. On est loin des monocultures de maïs, blé et ray-grass traditionnelles des Monts du Lyonnais qui obligeaient la mise en place d’engrais pour le sol et l’import de soja pour compléter l’alimentation des bêtes. Le couple a aussi décidé d’améliorer leur gestion de l’alimentation . Au lieu de laisser les vaches brouter jusqu’au sol, ce qui empêche une bonne régénération de l’herbe, ils ont mis en place une rotation des parcelles de pâture toutes les 12 heures, laissant à l’herbe quelques centimètres pour permettre une meilleure repousse.
Le couple producteur de lait biologique a vu revenir il y a 2 ans, Daniel, leur fils parti vers des métiers moins proches du monde rural. Daniel est arrivé avec le projet d’intégrer une production fromagère au cœur de la ferme. Il commence la production en mars 2019 en choisissant de commencer par l’élaboration d’une tomme. La tomme étant un succès, il continue les tests et arrive jusqu’à la production d’un bleu, “le richableu”. Puis la production d’une ricotta, un fromage que Daniel veut garder de manière plus saisonnière sur la période estivale. Et récemment, un quatrième a vu le jour, un fromage de type vacherin.
En parallèle Daniel produit des yaourts, et décide de bien s’entourer pour leur donner les meilleurs goûts possibles et toujours en 100 % bio. Pour ce qui est des confitures de fruits, ils se fournissent avec Terr’Etic, des producteurs des Monts du Lyonnais en bio, pour la crème de marron, il se fournit auprès d’un producteur ardéchois et enfin pour le citron, ce sont des huiles essentielles de citron produites localement.
La distribution de leurs productions fromagères se fait exclusivement par les magasins de produits locaux sur Lyon et sa banlieue et les Amaps.
La ferme de Richagneux veut continuer dans les prochaines années à se développer et notamment sur le fromage. Daniel va reprendre la
ferme poussant doucement Françoise et son mari vers une retraite bien méritée. Il recherche d’ailleurs un associé pour continuer l’aventure, qui
sait, c’est peut-être vous qui lisez l’article.